jeudi 27 novembre 2014

La pluie.... poème de Sully Prudhomme , illustré de peintures de Leonid Afremov

de Leonid Afremov
Pas de pluie ce jour, mais que d’eau déversée ces derniers jours .Le ciel reste indéfiniment gris, pas le moindre petit coin de ciel bleu. Le soleil nous aurait donc délaissés, oubliés, après avoir brillé si généreusement durant la période estivale !  Demain. , oui demain il sera de retour…. Selon la météo ?    Prima



de Leonid Afremov


Il pleut. J’entends le bruit égal des eaux ;
Le feuillage, humble et que nul vent ne berce,
Se penche et brille en pleurant sous l’averse ;
Le deuil de l’air afflige les oiseaux.

La bourbe monte et trouble la fontaine,
Et le sentier montre à nu ses cailloux.
Le sable fume, embaume et devient roux ;
L’onde à grands flots le sillonne et l’entraîne.

Tout l’horizon n’est qu’un blême rideau ;
La vitre tinte et ruisselle de gouttes ;
Sur le pavé sonore et bleu des routes
Il saute et luit des étincelles d’eau.

Le long d’un mur, un chien morne à leur piste,
Trottent, mouillés, de grands bœufs en retard ;
La terre est boue et le ciel est brouillard ;
L’homme s’ennuie : oh ! que  la pluie est triste !


René-François SULLY  PRUDHOMME   (1839-1907)

 
Quelques notes sur l’auteur :

Sully Prudhomme, de son vrai nom René-François Armand Prudhomme, fut le poète du rationalisme inquiet et du scepticisme douloureux.
J'aime parfois feuilleter son Journal intime, y découvrir ses pensées ... Il fut le tout premier Prix Nobel de Littérature en 1901...ce fut donc la France qui ouvrit cette longue série de Nobel ! 
" Suis-je un poète, suis-je un philosophe ? " se demandait Sully Prudhomme, il fut poète-philosophe !
Prima


vendredi 14 novembre 2014

Philae le petit robot .... _ ... La comète poème de Alice de Chambrier

Passager depuis dix ans de la sonde spatiale européenne Rosetta  … C'était hier, ce mercredi 12 novembre de l’an 2014, un petit robot, au joli nom de Philae,  à 500 millions de kms de notre Terre, s’est posé sur le noyau de  la comète Tchouri et nous a procuré de bien belles émotions ! 
 Les Hommes sont capables du pire comme du meilleur, et là,  pour moi, c’est du meilleur !
Un grand bravo à tous ces astrophysiciens qui se sont penchés sur ce projet. Je leur souhaite de pouvoir le mener à son terme et nous surprendre.
Combien Jules Verne aurait été heureux de vivre de tels instants, combien de ses rêves les hommes ont ainsi réalisé depuis que l'Homme a marché sur la lune  le 21 juillet 1969. _  Prima




Comme un oiseau de flamme aux gigantesques ailes
Qui, venu du nadir s’en retourne au zénith,
La comète poursuit ses courses éternelles,
Certaine de sa route à travers l’infini.

Rien ne peut l’arrêter, ni les groupes de mondes
Qu’elle effleure en passant de sa traîne aux plis d’or,
Ni les longues horreurs des ténèbres profondes
Où le céleste plan dirige son essor.

Elle ira jusqu’au point désigné dans l’espace,
Illuminant soudain les inconnus glacés,
Poursuivant son chemin comme un éclair qui passe,
Jusqu’au moment où Dieu lui dira : « C’est assez ! »

Lui seul la voit encor, parmi ces lointains mornes,
Vers le but qu’il choisit arriver lentement,
Et s’arrêter enfin aux invisibles bornes
Que pour elle il plaça dans le noir firmament.

Mais, arrivée au point où, triste et languissante,
Dans la nuit elle va disparaître sans bruit,
Un invisible attrait, une force puissante,
Lui fait abandonner la route qu’elle suit.

Et vers la profondeur indescriptible et terne,
Vers les lieux qu’elle a fuis dans son cours orgueilleux,
La comète soudain se retourne, et discerne
Une étoile pâlie à l’autre fond des cieux.

Cette étoile lointaine en l’immensité noire,
C’est l’astre de la vie et du joyeux réveil,
C’est l’astre environné de beautés et de gloire,
Qui porte la santé dans ses feux : le soleil.

Il attire vainqueur la comète éperdue,
À l’heure où celle-ci s’engouffrait dans la nuit ;
Il lui rend ses clartés et sa force perdue,
Et, joyeuse et superbe, elle revient à lui.

C’est ainsi que parfois l’âme humaine s’égare,
Astre fait de lumière et de souffle divin,
Loin de son Créateur dont elle se sépare
Pour rechercher le mot du grand problème humain.

Seule, elle veut aller jusqu’au bout des sciences ;
Prise au perfide attrait d’un rêve ambitieux,
Elle veut découvrir en ses tristes démences
Le pourquoi de la terre et le pourquoi des cieux.

Elle va, jusqu’au jour où, lassée, abattue,
Elle ne trouve plus que tristesse et néant,
Où, prise d’un dégoût qui l’accable et la tue,
Elle s’arrête au seuil de l’abîme béant.

Mais si loin qu’elle fuie, égarée en cette ombre,
Il n’est jamais trop tard pour espérer encor ;
Dieu la voit avancer sur cette route sombre,
Il la voit s’engloutir lentement dans la mort.

Et, faisant tout à coup luire un rayon étrange
Dans la sinistre horreur de cette obscurité,
Il peut, lorsqu’il lui plaît, donner des ailes d’ange
À l’âme que son œil suit dans l’immensité.

Et comme, distinguant la lumineuse gerbe,
La comète retourne au grand astre de feu,
Dans un essor puissant, magnifique et superbe,
L’âme, prenant son vol, s’en revient à son Dieu.

Bevaix, 31 août 1881.
Alice de Chambrier _ poétesse suisse (1861 – 1882)





samedi 1 novembre 2014

La Route du Rhum.... de Saint-Malo ( Bretagne ) à Pointe-à-Pitre ( Guadeloupe )...


Saint-Malo est en fête. Il en est ainsi tous les quatre ans à la même époque avec la Route du Rhum , course transatlantique en solitaire de Saint-Malo ( Bretagne ) à Pointe-à-Pitre ( Guadeloupe ) 3 543 miles soit 6 377 kms.
C'est en 1975 que l'idée germera et fera son chemin, la première course aura lieu en 1978, course qui vit la disparition d'Alain Colas et de son trimaran Manureva.
En 1990, Florence Arthaud fut la première femme à remporter cette course transatlantique en solitaire.... une course prestigieuse. 

Ils seront 91 skippers, dont quatre femmes,  à s'élancer demain de Saint-Malo avec l'espoir d'arriver à Pointe-à-Pitre sans incidents.


Cette année, le plus jeune skipper sera le Français Paul Hignard, 19 ans, et le plus âgé, le Britannique Robin Knox-Johnston, 75 ans.  


Il y aura foule demain sur la côte entre Saint-Malo et le cap Fréhel pour les voir passer, en ce qui me concerne ce sera devant la télévision bien qu'ils seront visibles de la pointe du Sémaphore au large de Saint-K.  Prima






La route du rhum

Quittez la route droite qui va de ville en ville
Prenez la route du rhum la route de l’exil
La route maritime qui vous emmène aux iles
Celle que suivent les voiles quand souffle l’alizé

Pleine de riches promesses qui apportent l’ivresse
De plages de sable blanc aux palmes qui font rêver
De filles souriantes aux robes chatoyantes
Au parfum de vanille et de frangipaniers

La route poétique aux paroles entraînantes
Aux vers qui bercent l’âme comme une douce musique
La route de la soie qui caresse l’esprit

La route prophétique qui n’est pas balisée
Faite de fleurs et de fruits aux formes rebondies
Qui mène au paradis tout en fermant les yeux



Alain Hannecart