vendredi 6 octobre 2017

Èther... Sonnet de René-François Sully Prudhomme

« Selon des scientifiques japonais, reconnaître des visages dans les nuages ne serait pas seulement le signe d'une grande imagination. Ce serait également un signe de névrose.
Vous est-il arrivé de contempler le ciel et de reconnaître des visages ou des objets dans la forme des nuages ? Ces illusions d'optique portent un nom : la paréidolie…. »




Quand on est sur la terre étendu sans bouger,
Le ciel paraît plus haut, sa splendeur plus sereine ;
On aime à voir, au gré d'une insensible haleine,
Dans l'air sublime fuir un nuage léger ;

Il est tout ce qu'on veut : la neige d'un verger,
Un archange qui plane, une écharpe qui traîne,
Ou le lait bouillonnant d'une coupe trop pleine ;
On le voit différent sans l'avoir vu changer.

Puis un vague lambeau lentement s'en détache,
S'efface, puis un autre, et l'azur luit sans tache,
Plus vif, comme l'acier qu'un souffle avait terni.

Tel change incessamment mon être avec mon âge ;
Je ne suis qu'un soupir animant un nuage,
Et je vais disparaître, épars dans l'infini.

René-François Sully Prudhomme  ( 1839 - 1907 )

Recueil : Les épreuves (1866).


Bon week-end à chacun de vous,
Amitié

Prima