Plus de roses dans mon
jardin, seuls survivent mes géraniums, quelques fleurs sur mon polygala, et mes
hortensias ont triste mine en ce début de novembre.
Bientôt il nous faudra
affronter l’hiver, saison qu’autrefois j’ai aimé et que désormais j’appréhende…
les années passent…. !
Prima
Aux
branches que l'air rouille et que le gel mordore,
Comme
par un prodige inouï du soleil,
Avec
plus de langueur et plus de charme encore,
Les
roses du parterre ouvrent leur coeur vermeil.
Dans
sa corbeille d'or, août cueillit les dernières :
Les
pétales de pourpre ont jonché le gazon.
Mais
voici que, soudain, les touffes printanières
Embaument
les matins de l'arrière-saison.
Les
bosquets sont ravis, le ciel même s'étonne
De
voir, sur le rosier qui ne veut pas mourir,
Malgré
le vent, la pluie et le givre d'automne,
Les
boutons, tout gonflés d'un sang rouge, fleurir.
En
ces fleurs que le soir mélancolique étale,
C'est
l'âme des printemps fanés qui, pour un jour,
Remonte,
et de corolle en corolle s'exhale,
Comme
soupirs de rêve et sourires d'amour.
Tardives
floraisons du jardin qui décline,
Vous
avez la douceur exquise et le parfum
Des
anciens souvenirs, si doux, malgré l'épine
De
l'illusion morte et du bonheur défunt.
Nérée Beauchemin (1850-1931)
Poète canadien
Poète canadien