jeudi 28 mai 2015

Venise - La dentelle et le temps, poème de Jacqueline Herfray



La dentelle de Venise est née au XVI ème siècle au beau milieu de la Renaissance italienne, elle fut très appréciée en Europe au point de devenir une marchandise d’exportation aussi importante que le verre de Murano.
Aujourd’hui la dentelle originale de Venise et en particulier de Burano est encore réalisée à la main. Elle est aussi chère qu’appréciée. Il faut en effet des semaines pour broder un simple contour de mouchoir et des mois, voire des années pour un drap.
Lorsque je suis allée à Burano, il me fut donc possible de l'admirer sans pouvoir en acheter, ..à mon grand regret..




Combien d’heures de rêverie
se sont faufilées
dans ces entrelacs,
se sont enfermées dans ces broderies ?
En combien d’heures
tes yeux lassés
se sont-ils usés
avant l’âge ?
Ton œuvre, point à point,
dessine ta vie
Quand la dentelle
– nappe de joies,
mouchoirs des pleurs –
sera-t-elle achevée ?

Jacqueline Herfray
Recueil : Dans les plis du temps, l’intant
Editions Couleurs et Plumes




Si Burano est connue pour sa dentelle, l’île est également connue pour ses canaux bordés de maisons très colorées. Cette tradition de peindre les maisons date du 7e siècle. Ainsi, les pêcheurs pouvaient apercevoir leur demeure, en rentrant de la pêche et mieux se diriger sur la lagune. 
Prima




samedi 9 mai 2015

Hora prima _ poème de Sully Prudhomme

«  Le rêveur passe pour n’être pas vivant, mais il n’est qu’absent : il vit en dedans par une concentration si intense de la vie, que rien n’en transpire au dehors. » 

Sully Prudhomme
( 1839 – 1907 )



Sully Prudhomme fut le tout premier Prix Nobel de Littérature en 1901...ce fut donc la France qui ouvrit cette longue série de Nobel !  
" Suis-je un poète, suis-je un philosophe ? " se demandait Sully Prudhomme, il fut poète-philosophe ! Prima


J'ai salué le jour dès avant mon réveil ;
Il colorait déjà ma pesante paupière,
Et je dormais encor, mais sa rougeur première
A visité mon âme à travers le sommeil.

Pendant que je gisais immobile, pareil
Aux morts sereins sculptés sur les tombeaux de pierre,
Sous mon front se levaient des pensers de lumière,
Et, sans ouvrir les yeux, j'étais plein de soleil.

Le frais et pur salut des oiseaux à l'aurore,
Confusément perçu, rendait mon coeur sonore,
Et j'étais embaumé d'invisibles lilas.

Hors du néant, mais loin des secousses du monde,
Un moment j'ai connu cette douceur profonde
De vivre sans dormir tout en ne veillant pas.

René-François Sully Prudhomme  

(1839-1907)