mercredi 30 juillet 2014

Les bombes de la Paix.... poème de Marcel Fakoury

Ni pro palestinienne, ni pro israélienne, je suis contre tous les bombardements intensifs, aveugles, qui tuent des civils, des enfants … une partie de mon été 44 se passa sous les bombardements de Normandie, ce fut pour moi l’été de la peur, il me fallut des années pour en guérir …. 

Aujourd’hui d’autres enfants de par le monde connaissent cette même peur, cette même angoisse. C’est à eux que je pense aujourd’hui, petites victimes innocentes de la folie meurtrière des hommes et des religions.   


« Les bombes de la Paix  », est un poème que je vous offre en partage après avoir obtenu l’accord de son auteur Marcel Fakhoury.  Né à Alexandrie ( Egypte ) installé en France depuis 1959, près de Grenoble, Marcel Fakhoury  est l’auteur de plusieurs romans , poésies, comédies et histoire régionale historique.    Prima 





Choisir un beau papier de couleur arc-en-ciel
Cueillir un brin d'espoir, une grappe de rêve
Un rayon de bonheur quand le soleil se lève
Éliminer tout ce qui est superficiel

Rajouter du sourire et de la bonne humeur
De la joie, de l'amour et de la tolérance
Répandre le civisme avec persévérance
Conformément au geste auguste du semeur

Assaisonner la vie de précieux condiments
Un zeste d'optimisme et beaucoup de confiance
Du respect pour autrui et de la bienveillance
Un esprit solidaire et de bons sentiments

Confectionner quelques myriades de paquets
Un avion en papier en forme de colombe
Ainsi que le mot "Paix" écrit sur chaque bombe
Planer sous les étoiles et lancer vos bouquets

Vous verrez, vous verrez, mes frères et mes soeurs
Le monde brillera comme un feu d'artifice
Nous léguerons les plans d'un nouvel édifice
Dont nos enfants, plus tard, seront les bâtisseurs

                                                   Marcel Fakhoury (2006)
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samedi 19 juillet 2014

Pluie d'été _ Poème de Victor Hugo

Dans le jardin, profitant de la fraîcheur matinale, je vis une petite boule de plumes chuter de la haie sur la pelouse….un tout petit rouge-gorge, immobile, comme étourdi, nous avons eu tout le temps de nous observer. Je n’osai toutefois aller chercher mon appareil photo  craignant de l’effrayer. Il sautilla  sur la pelouse, puis s’envola à nouveau vers la haie. De même que moi, ce petit rouge-gorge recherchait-il  la fraîcheur du matin après la pluie bienfaisante de la nuit ?   Prima





Que la soirée est fraîche et douce !
Oh ! viens ! il a plu ce matin ;
Les humides tapis de mousse
Verdissent tes pieds de satin.
L'oiseau vole sous les feuillées,
Secouant ses ailes mouillées ;
Pauvre oiseau que le ciel bénit !
Il écoute le vent bruire,
Chante, et voit des gouttes d'eau luire,
Comme des perles, dans son nid.

La pluie a versé ses ondées ;
Le ciel reprend son bleu changeant ;
Les terres luisent fécondées
Comme sous un réseau d'argent.
Le petit ruisseau de la plaine,
Pour une heure enflé, roule et traîne
Brins d'herbe, lézards endormis
Court, et, précipitant son onde
Du haut d'un caillou qu'il inonde,
Fait des Niagaras aux fourmis.

Tourbillonnant dans ce déluge,
Des insectes, sans avirons,
Voguent pressés, frêle refuge !
Sur des ailes de moucherons ;
D'autres pendent, comme à des îles,
A des feuilles, errants asiles ;
Heureux, dans leur adversité,
Si, perçant les flots de sa cime,
Une paille au bord de l'abîme
Retient leur flottante cité !

Les courants ont lavé le sable ;
Au soleil montent les vapeurs,
Et l'horizon insaisissable
Tremble et fuit sous leurs plis trompeurs.
On voit seulement sous leurs voiles,
Comme d'incertaines étoiles,
Des points lumineux scintiller,
Et les monts, de la brume enfuie,
Sortir, et ruisselants de pluie,
Les toits d'ardoise étinceler.

Viens errer dans la plaine humide.
A cette heure nous serons seuls.
Mets sur mon bras ton bras timide ;
Viens, nous prendrons par les tilleuls.
Le soleil rougissant décline ;
Avant de quitter la colline,
Tourne un moment tes yeux pour voir,
Avec ses palais, ses chaumières,
Rayonnants des mêmes lumières,
La ville d'or sur le ciel noir;

Oh ! vois voltiger les fumées
Sur les toits de brouillards baignés !
Là, sont des épouses aimées,
Là, des cœurs doux et résignés.
La vie, hélas ! dont on s'ennuie,
C'est le soleil après la pluie…
Le voilà qui baisse toujours !
De la ville, que ses feux noient,
Toutes les fenêtres flamboient
Comme des yeux au front des tours.

L'arc-en-ciel ! l'arc-en-ciel ! Regarde.
Comme il s'arrondit pur dans l'air !
Quel trésor le Dieu bon nous garde
Après le tonnerre et l'éclair !
Que de fois, sphères éternelles,
Mon âme a demandé ses ailes,
Implorant quelque Ithuriel,
Hélas ! pour savoir à quel monde
Mène cette courbe profonde,
Arche immense d'un pont du ciel !

7 juin 1828

Victor Hugo — Odes et Ballades






dimanche 6 juillet 2014

Plages ... poème de Jean-Antoine Nau


La Grande plage à Saint Cast le Guildo, une superbe plage de sable fin de près de 2 kms de long très prisée des vacanciers ...... et pourtant c'est ainsi que je l'aime la saison passée  où seul s'entend le bruit des vagues ! ( photo prise de la falaise de la pointe du Bay )  




                                                                        À la Dame Boudette.

Il en est d'un blanc pur, brillant, presque argenté ;
J'en sais d'un noir roux de feu mort,
Enfers près des candeurs mourantes des jetées ;
J'en sais d'or - et d'ajoncs - sous le ciel vert du nord,
Bosquets nains, micacés par les vagues heurtées.

Et la plage rose, à l'aube incarnat,
Parterre en sable fin, je la suis comme un rêve,
Longue, longue, sous le ciel de grenat !
Et les bulles d'écume en pâle rubis crèvent
Sur la douceur florale de la grève,
Sur la plage rose à l'aube incarnat.

D'autres s'incurvent sous l'enlacement des branches
Flagellés par le vent salin, -
- Dansez, feuilles et fleurs, aux pli des mousses blanches ! 
Frigide, une autre dort sous un ciel hyalin,
Dans les parfums brefs, sous les bises franches.

Et la lointaine, si voilée au crépuscule, -
Dont le fier horizon strié d'or violet
S'apaisait lentement sous des brumes de tulle,
Le rouge ou le sang du soleil coulait,
La blonde où la grotte ouvrait un mauve palais, -
Et la lointaine, si voilée au crépuscule !

J'en sais une douce et tiède, un miroir
De rêves gris et de mélancolies,
Où de tristes beaux yeux se mirèrent un soir
Et qui reflète un si douloureux désespoir
Dans les vagues remous de ses nacres pâlies !

Jean-Antoine Nau *




*Jean-Antoine Nau, s'agit-il de John-Antoine Nau né en 1860 à San Francisco ( Californie ) et mort à Tréboul (Finistère ) ?  Ce poète et romancier américain était d'ascendance et d'expression française .  J'ai extrait ce poème du Calendrier de la poésie francophone 2011, un des rares poètes dont même la date de naissance ne figure pas.... ce qui n'est pas fait pour m'aider !


La plage de la Pissotte  à marée haute
et 
la plage de la Mare 

Deux jolies plages sauvages où j’aimais m’isoler avec un livre, il n’en est plus de même aujourd’hui , elles sont, elles aussi, désormais très fréquentées.