lundi 28 avril 2014

Matin sur le port.... poème d' Albert Samain


            
Le soleil, par degrés, de la brume émergeant,
Dore la vieille tour et le haut des mâtures ;
Et, jetant son filet sur les vagues obscures,
Fait scintiller la mer dans ses mailles d’argent.
Voici surgir, touchés par un rayon lointain,
Des portiques de marbre et des architectures ;
Et le vent épicé fait rêver d’aventures
Dans la clarté limpide et fine du matin.
L’étendard déployé sur l’arsenal palpite ;
Et de petits enfants, qu’un jeu frivole excite,
Font sonner en courant les anneaux du vieux mur.
Pendant qu’un beau vaisseau, peint de pourpre et d’azur
Bondissant et léger sur l’écume sonore,
S’en va, tout frissonnant de voiles, dans l’aurore.

                                  Albert Samain,  ( 1858 - 1900 )

                                        Recueil : Le chariot d’or



Né à Lille en 1858, Albert Samain, poète symboliste, est décédé en 1900 à Magny-lès- Hameaux  ( Seine-et-Oise ).  Il écrivit dans les journaux littéraires, fréquenta le «  Chat noir « et prit part avec un groupe d’amis à la fondation du Mercure de France, revue littéraire dont la première livraison date du 1 er janvier 1890. Il en sera un des collaborateurs attitrés.




samedi 12 avril 2014

Brune.... _... poème de François Coppée


Sur le terrain de foire, au grand soleil brûlé,
Le cirque des chevaux de bois s'est ébranlé
Et l'orgue attaque l'air connu : " Tant mieux pour elle ! "
Mais la brune grisette a fermé son ombrelle,
Et, bien en selle, avec un petit air vainqueur,
Elle va se payer deux sous de mal de coeur.
Elle rit, car déjà le mouvement rapide
Colle ses frisons noirs sur son front intrépide,
Et le vent fait flotter sa jupe et laisse voir
Un gai petit mollet, en bas rouge à coin noir.

                           François Coppée  ( 1842 – 1908 )




Né et mort à Paris ( 1842 _ 1908 ), François Coppée est né dans une famille modeste de vieux Parisiens, il entra très jeune au ministère de la Guerre, tout en commençant à publier ses premières poésies ici et là. En 1869, il fut attaché à la bibliothèque du Sénat jusqu’en 1883, puis élu à l’Académie française en 1884.
Il mourut à la suite d’une longue maladie. Il fut souvent sévèrement jugé mais ses poésies de genre conservent encore un certain charme.