mercredi 26 juin 2013

Vous pourrez fuir à tout jamais.... poème de Léo Larguier


Au large de Stresa ( Italie ), sur le lac Majeur, Isola Bella, une des îles Borromées, et sur cette île de 320 m sur 180 m , un palais baroque digne d’un conte de fée, une île où notre guide se prénommait Romeo et quelle que soit l’année où vous vous y rendez, le guide se prénommera toujours Roméo…. Tiens donc ! Quelle coïncidence ! Prima

Le palais Borommée

Vous pourrez fuir à tout jamais au bras d'un homme
Qui saura celui-là le goût de pluie et d'eau
Sur la dernière rose et la première pomme
Que doit avoir votre baiser...Il fera beau...

Vous rêverez devant les îles Borromées,
Et la lune sera la perle de la nuit,
Et les brises seront calmes et parfumées,
Et vous vous lèverez quand sonnera minuit.

Et j'imagine tout : le Palace, la chambre,
Vos souliers de velours sur le tapis laissés,
La divine douceur de la nuit de septembre
Où monteront les cris des violons blessés.

Il aura, celui-là, vos blancheurs inconnues
De jeune fille, et vos parfums, votre bras clair,
Les purs secrets neigeux de vos épaules nues.
Il aura tout...il n'aura rien que votre chair !

Le meilleur de l'amour, son éveil et son aube,
Souvenez-vous, c'est moi qui les ai pour toujours.
On se prenait les mains quand séchait votre robe
Que l'orage trempait sous les feuillages lourds.

Nos yeux savaient comment l'âme fait signe à l'âme;
Nous nous tenions les mains comme on tient un trèsor,
Et j'étais plus qu'un homme, et vous, plus qu'une femme ;
Et le soir s'effaçait tel un pauvre décor.

Et ce n'est que cela qui compte dans la vie.
Cet infini qui tremble au fond d'un bel oeil pur
Je l'eus, que voulez-vous désormais que j'envie ?
Ma part est la meilleure, elle est faite d'azur.

Léo Larguier ( 1878 - 1950 )

         



mardi 18 juin 2013

Le voyage de Charles Baudelaire

Le grand large de Claude Thébergé



La vie est un voyage limité dans le temps, mais devant l'immensité de la mer le rêve devenant illimité m'entraîne bien souvent au-delà.... tout comme si ma vie n'avait pas de fin, je rêve de voyages au bout du monde, voyages devenus irréalisables .. mais tout n'est-il pas possible par le rêve..?  Prima

Le voyage imaginaire de Claude Thébergé




      A Maxime Du Camp.

                             1 -

Pour l'enfant, amoureux de cartes et d'estampes,
L'univers est égal à son vaste appétit.
Ah ! que le monde est grand à la clarté des lampes !
Aux yeux du souvenir que le monde est petit !

Un matin nous partons, le cerveau plein de flamme,
Le coeur gros de rancune et de désirs amers,
Et nous allons, suivant le rythme de la lame,
Berçant notre infini sur le fini des mers :

Les uns, joyeux de fuir une patrie infâme ;
D'autres, l'horreur de leurs berceaux, et quelques-uns,
Astrologues noyés dans les yeux d'une femme,
La Circé tyrannique aux dangereux parfums.

Pour n'être pas changés en bêtes, ils s'enivrent
D'espace et de lumière et de cieux embrasés ;
La glace qui les mord, les soleils qui les cuivrent,
Effacent lentement la marque des baisers.

Mais les vrais voyageurs sont ceux-là seuls qui partent
Pour partir, coeurs légers, semblables aux ballons,
De leur fatalité jamais ils ne s'écartent,
Et, sans savoir pourquoi, disent toujours : Allons !

Ceux-là dont les désirs ont la forme des nues,
Et qui rêvent, ainsi qu'un conscrit le canon,
De vastes voluptés, changeantes, inconnues,
Et dont l'esprit humain n'a jamais su le nom !

                                  ( .... )

                          Baudelaire ( 1821 - 1867 )

Le retour de Claude Thébergé


dimanche 9 juin 2013

Giboulées

de Catherine Beyler

La giboulée de mars giflait mon impatience
Et mes fleurs au trottoir ces roses éparpillées
Les déjetant le vent si fou primesautier
Alentour signalait la fin d'une romance...

La giboulée de mars giflait mon espérance

Et mes pieds et mes mains mon cœur de gel transis
Maudissaient sa bise sa bruine mais aussi
D'une blonde fiancée la boudeuse inconstance...

La giboulée de mars raillait ma tempérance

Enjouée déversait ses mille intempéries
Grésils ondées hallebardes des facéties
Dont les pires éléments fustigeaient ma patience...

La giboulée de mars simulait l'inclémence

La saison n'en pouvait d'un désordre pluvieux
Mais bienveillant l'été surviendrait orgueilleux
Pour requinquer d'amour la si frêle ordonnance...

                          Henri CACHAU 


de Catherine Beyler


Henri Cachau, est  un poète contemporain que je découvre et qui a eu la gentillesse de m'autoriser à publier ses poèmes.  Né à Villeneuve-sur-Lot en 1945, vivant à Rambouillet Henri Cachau  est aussi peintre, sculpteur et nouvelliste.




mardi 4 juin 2013

Le cytise poème de Sabine Sicaud



Cytise de mon jardin

Non, pas une glycine. Au lieu de grappes mauves,
Ce sont des grappes d’or…
On dirait des pendants d’oreilles de jadis, en bel or fauve…
Ou des pastilles d’ambre, ou les confetti d’or
Qui joncheraient, pour un grand mariage,
Le tout petit sentier… C’est le décor
Où des torches s’allument. Vois flamber le paysage!
 
Survient le vent.
Et c’est une cascade lumineuse de topazes,
Un long feu d’artifice, un jet d’eau qui s’embrase,
Un quatorze Juillet de mai ! Vois, dans le vent,
La joie ardente du printemps!
 
Pas de canons, d’ailleurs, ni de Bastilles prises.
C’est la fête rustique du Cytise.
 
En cheveux de soleil,
-Papillotes. Jeune perruque ébouriffée-
Le Cytise s’éveille. Il est pareil
À quelque page blond sortant d’un magique sommeil.
 
                                                 ( .... )
                                  Sabine SICAUD  ( 1913 - 1928 ) 

 
  Sabine Sicaud est née et décédée à Vllleneuve-sur-Lot à l'âge de 15 ans,. Elle n'avait que 13 ans lorsque ses premiers poèmes préfacés par Anna de Noailles furent publiés...Souffrant d'une maladie des os, certains de ses poèmes sont poignants  dont celui-ci  " Douleur je vous déteste "... je vous en cite un extrait en partage :

" Je vous hais trop ! Je vous hais trop d'avoir tué
Cette petite fille blonde
Que je vois comme au fond d'un miroir embué...
Une Autre est là, si différente ! "