dimanche 26 mai 2013

Le vent dans l'île ... poème de Pablo Neruda



de Bob Langrish

Le vent est un cheval :
écoute comme il court
à travers mer et ciel.

Pour m'emmener : écoute
comme il parcourt le monde
pour m'emmener au loin.

Cache-moi dans tes bras,
cette nuit solitaire,
tandis que le pluie blesse
à la mer, à la terre,
innombrable, sa bouche.

Entends comme le vent
m'appelle en galopant
pour m'emmener au loin.

Ton front contre mon front,
ta bouche sur ma bouche,
nos deux corps amarrés
à l'amour qui nous brûle,
laisse le vent passer,
qu'il ne m'emporte pas.

Laisse courir le vent
d'écume couronné,
qu'il m'appelle et me cherche
en galopant dans l'ombre,
tandis que moi, plongé
au fond de tes grands yeux,
cette nuit solitaire,
amour, reposerai.

    Pablo NERUDA

     ( 1904 - 1973 )

( Les Vers du capitaine )



vendredi 24 mai 2013

Le Korrigan et le Bossu _ Légende bretonne.... Sont-ils un peu coquins nos petits korrigans ?

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... ils se livrent autour des pierres levées à des rondes nocturnes endiablées et si d'aventure tu te trouves à passer de nuit sur notre lande bretonne, à proximité de leurs jeux... tu  seras convié, et entraîné à tes risques et périls dans leurs rondes folles ... jusqu'à épuisement ! 
 
"Vengeance de lutin, on n'en voit pas la fin" dit le proverbe.
   
Mais les korrigans peuvent aussi se montrer très généreux avec les humains ... en échange de quelques offrandes tu peux toujours te concilier leurs faveurs.... tel ce bossu qui leur ayant plu a perdu sa bosse ! Prima
 

KORRIGAN 002


On raconte qu'un jour, un bossu vint à passer près d'une clairière. Il aperçut des korrigans qui s'amusaient à chanter :
- Lundi, mardi, mercredi, ... lundi, mardi, mercredi ...
- Ben alors, les korrigans, elle est pas finie, votre chanson ? moi je peux vous donner la suite ! se moqua gentiment notre bossu.
- Attention, dirent les korrigans, si ce que tu nous promets n'est pas à la hauteur de nos souhaits, tu seras sévèrement puni de ton audace !
Et le bossu de chantonner :
- Lundi, mardi, mercredi, jeudi, vendredi et samedi, et puis le dimanche aussi et voilà la s'maine est finie !
- Hourra ! crièrent les korrigans tellement ils étaient contents ! Notre chanson est plus longue à présent ! Dis-nous c' que tu souhaites : argent, beauté ?
-Ben, si vous pouvez, j'aimerai bien me séparer de ma bosse.
Sitôt dit, voilà les korrigans qui s'emparent du bossu, et le jettent dans un trou. Quand il réapparaît, le voilà tout droit, notre bossu ! Tout beau !

KORRIGAN

jeudi 23 mai 2013

J'aurai rêvé ma vie .... poème de Jules Supervielle


de Vladimir Volegov


J'aurai rêvé ma vie à l'instar des rivières

Vivant en même temps la source et l'océan
Sans pouvoir me fixer même un mince moment
Entre le mont, la plaine et les plages dernières.



Suis-je ici, suis-je là? Mes rives coutumières
Changent de part et d'autre et me laissent errant.
Suis-je l'eau qui s'en va, le nageur descendant
Plein de trouble pour tout ce qu'il laissa derrière?



Ou serais-je plutôt sans même le savoir
Celui qui dans la nuit n'a plus que la ressource
De chercher l'océan du côté de la source
Puisqu'est derrière lui le meilleur de l'espoir?





Jules Supervielle - Oublieuse mémoire -

La poésie lyrique - anthologie - La bibliothèque Gallimard n° 91